Une boutique comme un Cabinet de Curiosités
Sur la façade bleu-marine, classée, une devanture transparente encadrée par des huisseries blanches se détache de manière graphique. Dans la vitrine, un sac : avec son numéro et sa légende, il raconte sa propre histoire.
Passé la porte immaculée, l’espace tout en longueur se dévide, habillé d’une esthétique minimale japonaise. Partout, des boites blanches s’accumulent comme un essaim de petites vitrines : de différentes tailles, elles couvrent les murs et le plafond. Leur contenu, aussi, varie : ici une nature morte, là une besace, une trousse, un sac de voyage. Malgré sa petitesse, l’espace se découvre comme un abécédaire éclaté : les murs, encadrés-décadrés, invitent à un parcours de découverte, forcent la curiosité. Soigneusement numéroté et nommé, chaque sac prend place et s’exprime comme un petit monde à part.
Véritable cabinet de curiosités contemporain, la boutique manie l’usage du blanc, omniprésent, pour donner le premier rôle au sacs et contenus visuels. Chez L/UNIFORM, quai Malaquais, on vient flâner, découvrir, personnaliser son sac, créer sa propre combinaison.
Lumière et transition
Douce et scénographiée, la lumière appose comme un filtre sur les toiles et cuirs. Plus loin, un comptoir en Corian blanc donne la réplique à une bulle de lumière : elle marque le seuil de l’espace-manufacture, à l’arrière.
Le sol, rythmé par un parquet en chêne, reprend la charte graphique: marqueté de manière complexe, il évoque des fanions de marine et les lignes biseautées des cartes de correspondance de L/UNIFORM. Fil conducteur chaleureux, le parquet se dévide, en contrepoint du design visionnaire, pour créer un lien entre les deux espaces.
Comme libérée, la marqueterie prend ses aises au fond de la boutique : dans cet espace, le bois recouvre sol et plafond comme pour signifier la présence de l’établi, inviter les savoir-faire.
Interior Design: Wonderwall Inc. - © Photo: Nacása & Partners Inc.
Un atelier pour comprendre
Comme un seuil, un palier lumineux se franchit pour accéder à un univers, à l’arrière, où le bois prédomine. Là, outils et patrons permettent d’approcher la fabrication d’un sac, le savoir-faire qui sous-tend la réalisation de chaque sac L/UNIFORM: exposés à nu, matières, sangles et coutures forment un puzzle créatif.
Inspiré d’un meuble à kimono, une console permet de choisir, plus amont, matières et finitions. Cette espace ‘Atelier’ est l’occasion de marquer une pause : chaque mois, un modèle de sac différent sera exposé, et explosé !
Intérieur – Extérieur
Pour L/UNIFORM, l’intérieur d’un sac est aussi important que l’extérieur. Jouant sur cette opposition, contenu et contenant s’exposent au fil de la boutique pour brouiller les cartes. Et révéler ce qui n’est pas visible.
Connecté – Déconnecté
Au cœur de la boutique, un écran surdimensionné invite l’espace digital à défiler : natures mortes et petits films d’animation, modèles de sacs et esprit épuré forment un relais visuel en mouvement. Surtout pour le flâneur qui découvre la boutique dans la pénombre, à la nuit tombé : l’écran, à l’intérieur de la boutique, attire le regard comme un guide éclairé. Invite à une balade digitale et graphique.
© Roberta Valerio
Wonderwall
Talentueux, Masamichi Katayama est avant tout un iconoclaste. Après avoir signé les boutiques Bape Store depuis les années 90, remodelé le concept-store Colette ou collaboré avec APC pour décliner autant d’univers créatifs à Tokyo, Katayama orchestre d’autres succès planétaires pour Nike et Uniqlo.
Pour le célèbre designer japonais, découvrir le projet de L/UNIFORM provoqua un élan : séduit par l’espace tout en longueur, il y imagine un cabinet de curiosité dépoussiéré. Fidèle à son esthétique, il précipite ici, pour L/UNIFORM, surprises et émerveillement.
« J’aime forcer les objets à se mélanger pour n’en garder que la substance. Je mixe les styles et les influences, pour imaginer des espaces où expérience et illusion se mêlent ». Masamichi Katayama